LES CRAMÉS DE LA BOBINE
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Oslo 31 août

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Oslo 31 août (Oslo 31 août)

jeudi 22 mars 2012 par Cramés

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Semaine du 22 au 27 mars 2012

Grand Prix du Jury et Prix Jean Carmet au Festival Premiers Plans d’Angers, nominé aux festivals de Cannes et de Sain-Jean-de-Luz
Soirée-débat mardi 27 mars à 20h15

Film Norvégien (1h36, février 2012) de Joachim Trier avec Anders Danielsen Lie, Hans Olav Brenner et Ingrid Olava.

Synopsis : En fin de cure de désintoxication, Anders se rend en ville pour une journée, à l’occasion d’un entretien d’embauche. Il en profite pour renouer avec sa famille et ses amis, perdus de vue. Une lutte intérieure s’engage en lui, entre un profond sentiment de gâchis face aux occasions manquées, et l’espoir d’une belle soirée et, peut-être, d’un nouveau départ…

Présentation par Sandrine     Petite revue du net     Une adaptatation de Feu Follet ?    Dossier de presse     Bande annonce    BO : 141000



Présentation (Oslo 31 août)

lundi 16 avril 2012 par Sandrine

Le 31 août, à Oslo...Le 27 mars, à Montargis...En 24h00 chrono ! Ce soir, c’est possible ! C’est le temps qu’il nous faut pour suivre, pas à pas, la tournée d’adieu d’Anders, jeune homme dit « de bonne famille », trente-quatre ans, intelligent, beau garçon et...toxicomane. Un profil qui rappelle Brandon, le héros de Shame, dans un autre film, sur l’addiction sexuelle, projeté il y a quelques mois, dans notre salle. Sisi, la sœur de Brandon, était addictive au suicide, à répétition.

La thérapie d’Anders l’autorise à se rendre en ville, à Oslo, un matin, pour un entretien professionnel. L’occasion également, d’errer, revoir des proches, le passé, les erreurs...Puis une longue nuit s’annonce : avec elle, des amours possibles et l’espoir d’un avenir, d’ici le matin...

Drogue et addiction, sur grand écran : attention aux regards...Trop réducteurs. Dépression ou autres pathologies, drogue ne sont pas les sujets principaux du film, selon l’auteur. La drogue n’est pas abordée ici d’un point de vue sociologique : l’addiction chez les jeunes, les ravages de la drogue, etc...Mais existentialiste.

L’alcool, la drogue, ou dans Shame, le sexe, le suicide ne sont que les manifestations d’un mal être plus profond, qui a toutes ses raisons d’être, ou de ne plus être, puisqu’il conduit à l’autodestruction.

Evoqué par Sisi dans Shame, sous la forme, « d’un mal », commun avec son frère, qui, selon elle, avait « la même origine ». Même origine, à savoir un même mal de vivre, depuis leur début ; pas forcément une origine familiale.

Ouvrir les yeux, donc, ce soir, sur un film, d’abord profondément humain, visuel, et moderne.

Le premier long métrage du danois Joachim Trier, Nouvelle Donne, mêlait déjà littérature et désarroi : en effet, un jeune écrivain à succès se retrouvait en hôpital psychiatrique. Pour ce deuxième opus surprenant, cet ancien champion de skate, enfant de la pop culture, adapte un roman français, de 1931, Le Feu follet, de Pierre Drieu La Rochelle, lumineusement sombre. D’autant plus que Louis Malle lui avait déjà redonné un second souffle, déjà, en 1963.

Alain, le héros mallien ou littéraire, reste un oisif entretenu. Brandon, le héros de Shame, avait un bon job. Mais il y était complètement envahi par son addiction et cela lui posait de sérieux problèmes. Le suicide a raison des projets de sa sœur. Notre Anders est au chômage.

Tous refusent, catégoriques, le passage, obligatoire et décisif, à un âge prétendument adulte, frileux et conventionnel : bobo, métro, boulot, dodo...Plutôt mourir !

Anders a fuit, avec les années, les désillusions et les compromis attendus. Même s’il n’a plus l’excuse de la jeunesse, il reste fidèle à lui-même, quitte à paraître stupide ou décalé. Lucide et sincère, plus rien ne le raccroche, à tout ce semblant de vie, émotionnel ou intellectuel.
Pour Drieu, le suicide est « l’acte de ceux qui n’ont pu en accomplir d’autres ».

Un vide existentiel, car Joachim Trier, Louis Malle ou Drieu privent leurs personnages d’un potentiel nihiliste, ou à l’inverse, créatif.

Mais lorsqu’un journaliste demande à notre réalisateur, qu’est-ce qui le rend, lui, addictif et donc, le tient en vie : famille, argent, enfant, chocolat, que sais-je ?.. Il répond, immédiatement : « Le cinéma ! Si j’ai des soucis dans ma vie, je travaille. Ça m’a souvent permis d’avancer, c’est une forme de catharsis. »

Aussi son film est une vraie tuerie, au sens propre comme au figuré.
Même si j’ai trouvé suicidaire, sur le coup, le fait d’aller tourner cette histoire, pas facile, en plus, dans le grand nord, le froid, à Oslo.

Joachim Trier, sur la signification du titre

« L’un de mes titres de films préférés est Fin août, début septembre d’Olivier Assayas. En plus, le 31 août marque la fin de l’été en Norvège, les beaux jours sont finis, l’automne approche et puis c’est l’hiver, sombre et froid. Pour beaucoup de norvégiens, la question rituelle est : « Va-t-on pouvoir encore supporter un nouvel hiver ? Plus simplement, le titre est une invitation claire lancée au spectateur : vous allez vivre une journée dans la vie du personnage. »

Ben justement, c’est également difficile d’accrocher le spectateur avec un personnage qui lui, n’accroche pas : l’action extérieure y est à peu près nulle, et tout se passe dans son cœur, sa conscience.

Le réalisateur ajoute : « Je crois vraiment dans le potentiel qu’a le cinéma de montrer les pensées d’un personnage à travers sa perception des choses. Observer l’être humain est passionnant ; c’est en tous cas mon plaisir de cinéaste. »

Très visuel et émotionnel, son feu follet m’a bien m’allumée ; sous influence toute malickienne. Terrence Malick, selon Trier :
« Dans un monde idéal, je voudrais que ce film soit une expérience sensorielle mais d’un autre côté, j’espère qu’il va susciter une réflexion. En fait, je ne peux pas séparer ces deux aspects. J’ai grandi avec les films de Terrence Malick, alors filmer le vent qui agite les arbres me plait beaucoup. Si j’ai réussi à faire le film dont je rêvais, l’émotionnel et le sensoriel rejoignent l’intellectuel. »

Dans notre film, c’est l’image qui porte le sens, stimule la réflexion : les sensations intérieures du personnages sont concrétisées grâce à la personnalisation des objets, les lents travellings d’une caméra qui s’attarde sur des ambiances, les jardins...

Car adapter un Feu Follet, très romanesque, au cinéma, c’était risqué : mais Trier évite le film littéraire, lourdement bavard.

La ville d’Oslo nous raconte aussi bien que les mots de Drieu, ou que le Paris de Malle. C’est le feu, sous la glace. Notre réalisateur met en valeur, je cite : « son aspect plus impressionniste, lié aux lumières de la ville, à sa nature et à son architecture. J’ai tourné le film en quarante-cinq jours et d’une façon spontanée : je voulais montrer les rues, regarder ma ville de l’extérieur, comme un documentariste. Je me suis focalisé sur un environnement qui a un sens pour le personnage, sur la vie nocturne qui, elle, est devenue à la mode. Il y a un mélange de beauté et de noirceur dans la culture de cette ville, et c’est ce que j’ai voulu dépeindre. »

Entre fiction et documentaire, le casting est dans le même esprit. Par exemple, les personnages portent le même prénom que celui des acteurs. Le réalisateur le justifie ainsi : « Pendant ces quatre mois de tournage, Anders Danielsen Lie s’est profondément identifié au personnage ».
Il est vraiment trop mortel dans le rôle et Joachim Trier n’est pas contre l’idée d’en faire son Antoine Doinel, puisque déjà présent dans Nouvelle Donne. Anders Danielsen Lie a un parcours étonnant. Il fait partie d’un quartet de jazz, a sorti des albums en tant que compositeur. Il est l’auteur d’un livre sur les jeunes et la sexualité, et il poursuit, aujourd’hui, une carrière de médecin généraliste. Enfin, il a été élu l’un des acteurs norvégiens les plus sexy.

Pour plus de crédibilité, le cinéaste a également engagé des acteurs non professionnels. Par exemple, Hans Olav Brenner, un célèbre journaliste télé, incarne Thomas.

Le film de Malle avait déjà fait des étincelles au Festival de Cannes. Mais un demi siècle après, cette reprise au flambeau du Feu Follet, qui n’a rien d’éphémère, est sélectionnée, à nouveau, au Festival, en 2011. Et il s’est modernisé. C’est, je cite Trier : « l’intemporalité de cette histoire qui m’a séduit. C’est l’essence même de l’art de traiter d’un sujet qui résonnera à travers toutes les époques. Les thèmes du roman sont toujours pertinents et contemporains. »

Et il ajoute, à propos du film de Malle : « Je l’ai vu assez tard dans ma vie, vers trente-trois ans, et il m’a sidéré : même si je ne suis pas dépendant à quoi que ce soit, le personnage a fait écho en moi, j’ai compris son sentiment de solitude. »

Et enfin : « Si on résume l’histoire à la journée d’un ex-toxicomane qui sort d’un centre de désintoxication et qui va peut-être se suicider, c’est déprimant. Je suis davantage intéressé par la métaphore sur la solitude, qui nous concerne tous. Beaucoup de gens ont fait l’expérience de la solitude, du sentiment d’être perdu, par exemple après un chagrin d’amour, une crise professionnelle, la perte de quelqu’un. On se sent alors vulnérable et on est confronté à des interrogations existentielles ». Fin de citation.

J’ai beaucoup cité Joachim Trier, pour ne pas griller ma présentation, consacrée à son Feu Follet à lui, et non aux deux précédents...
Et ce soir, donc, on vous met le feu...Et il va nous cramer la bobine.... Merci de m’avoir écoutée.



Feu follet (Oslo 31 août)

lundi 5 mars 2012 par Sandrine

Montargis 27 Mars !..

En 24h00 chrono ! Pour suivre, pas à pas, la tournée d’adieu du jeune Anders, fin août. Toxicomane, sa thérapie l’autorise à se rendre, un matin, à Oslo : l’occasion d’errer, revoir des proches, le passé, les erreurs...Illuminés, à l’écran, par l’ombre d’Antonioni...Puis une longue nuit s’annonce : des amours possibles et peut-être un avenir, au petit jour...

Une brillante renaissance assurément, celle d’un roman lumineux, publié en 1931, le Feu Follet de Pierre Drieu la Rochelle. Si éphémère, tel le héros du livre et son auteur. Pour ce dernier, le suicide est "l’acte de ceux qui n’avaient pu en accomplir d’autres".

Mais, quand bien même, immortel. En effet, le Feu Follet scintille, depuis 1963, céleste étoile, sur toile. Une première adaptation, de Louis Malle, qui avait fait des étincelles au Festival de Cannes, lui redonne un second souffle.

Un demi siècle après, sélectionné à nouveau à Cannes, en 2011. C’est Joachim Trier qui reprend le flambeau du Feu Follet dans Oslo 31 Août. En cette fin d’été, si son héros peine à trouver une lumière spirituelle, artistique du moins, ce n’est donc pas le cas pour ce réalisateur danois. Un vague à l’âme risqué, après Drieu et Malle ! Mais Joachim Trier ne se tue pas à la tâche, ne noircit pas le tableau : il ressuscite librement cet adieu aux larmes, retenues, sans feu artificiel. Au final modernisé et tout aussi poétique que leurs précédents, sans y laisser la peau.

Ce 31 août, à Oslo, enflammera notre soirée débat du 27 mars, à l’Alti Ciné ! Le feu, sous la glace...D’ors et déjà allumeur, dans l’Eclaireur !

Oslo 31 août, un film de Joachim Trier, avec Anders Danielsen Lie.



Petite revue du net (Oslo 31 août)

lundi 20 février 2012 par Cramés

"C’est seulement à cause de ceux qui sont sans espoir que l’espoir nous est donné."

Walter Benjamin


Coralie Agnimel Dressant un portrait de la solitude d’un homme, Joachim Trier fait de son dernier long-métrage, une œuvre forte et émouvante. La densité dramatique, la tension narrative et le déclin progressif du personnage principal font d’ « Oslo 31 Août » un film à ne pas manquer.

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(Christine Masson)

Lire l’interview du réalisateur Joachim Trier


Le blog cinéma de Phil Siné Joachim Trier parvient à nous parler de la vie elle-même avec une mélancolie bouleversante, à travers le regard de ce jeune homme déchu qui n’aspire plus à rien et qui choisit de ne plus participer à l’absurdité de ce monde…

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