LES CRAMÉS DE LA BOBINE
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Vittoria

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Vittoria (Vittoria)

dimanche 12 octobre 2025 par Cramés
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Week-End de cinéma italien contemporain les 11 et 12 octobre 2025

Notamment produit par Nanni Moretti et projeté dans la section Orizzonti Extra à la Mostra de Venise 2024
Dimanche à 20h30
Présenté et animé par
Jean-Claude Mirabella

Jean-Claude Mirabella, universitaire spécialiste du cinéma italien

Film italien (juillet 2025, 1h20) de Alessandro Cassigoli et Casey Kauffman avec Anna Amato, Marilena Amato, Nina Lorenza Ciano



Vittoria - article de François Conan (Vittoria)

mardi 30 septembre 2025 par Muriel

VITTORIA
Après Butterfly (2018) et Californie (2021), le duo Kauffman et Cassigoli pose sa caméra à Torre Annunziata, station balnéaire de la métropole de Naples située au pied du Vésuve, pour tisser le portrait de Jasmine, une coiffeuse hantée par le désir d’adopter une fille. Les cinéastes reprennent ici un personnage secondaire de leur deuxième film.

Présenté à la Mostra de Venise 2024 et produit par Nanni Moretti, Vittoria s’impose comme une œuvre d’une grande délicatesse, filmée comme un documentaire, basée sur des événements réels, où l’intime côtoie l’universel avec une authenticité remarquable.

Marilena Amato, déjà aperçue dans Californie, porte Vittoria avec sa présence magnétique aux côtés de Gennaro Scarica, son mari à l’écran comme à la ville, incarnation de la figure patriarcale dans le film.
Dans un rêve réitéré, Jasmine voit son père tenant la main d’une fillette. Projection d’un manque viscéral pour cette mère de trois grands garçons qui, loin d’être un simple gimmick narratif, irrigue le récit d’une mélancolie diffuse, ancrée dans la réalité sociale d’une ville filmée sans complaisance ni folklore.
Les gros plans fréquents parviennent avec brio à capturer l’émotion de la protagoniste prin-cipale, oscillant entre espoirs et désillusions face à une très lente et complexe procédure d’adoption. Ses silences, ses regards, ses sourires, disent plus que bien des dialogues.

Les réalisateurs, fidèles à leurs racines documentaires, capturent la texture du quotidien, comme les conversations en dialecte, ou le ballet des clientes dans le salon de coiffure, avec une caméra qui sait se faire discrète, presque complice. La mise en scène dépouillée, aux forts accents de néoréalisme mais sans la solennité d’une fresque sociale, est resserrée autour de l’intériorité de Jasmine.