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Jean-Claude Mirabella, universitaire spécialiste du cinéma italien
Film de Marco Bellocchio (vo, juin 2023, 2h05) avec Paolo Pierobon, Enea Sala et Leonardo Maltese
Titre original : Rapito
Synopsis : En 1858, dans le quartier juif de Bologne, les soldats du Pape font irruption chez la famille Mortara. Sur ordre du cardinal, ils sont venus prendre Edgardo, leur fils de sept ans. L’enfant aurait été baptisé en secret par sa nourrice étant bébé et la loi pontificale est indiscutable : il doit recevoir une éducation catholique. Les parents d’Edgardo, bouleversés, vont tout faire pour récupérer leur fils. Soutenus par l’opinion publique de l’Italie libérale et la communauté juive internationale, le combat des Mortara prend vite une dimension politique. Mais l’Église et le Pape refusent de rendre l’enfant, pour asseoir un pouvoir de plus en plus vacillant...
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Nous sommes en 1858 à Bologne capitale de l’Emilie-Romagne faisant partie des Etats du Vatican.
Un soir, le 23 juin 1858, le petit Edgardo Mortara, sixième rejeton d’une famille juive de huit enfants est nuitamment arraché à sa famille par la police pontificale sur ordre du Père inquisiteur (fonction qui existe encore dans l’Italie de cette époque).
Parce que l’enfant âgé de 7 ans a été secrètement baptisé par sa nounou catholique qui le croyait en danger de mort. Mais cet acte a pour conséquence que le petit Edgardo, ne peut plus vivre dans sa juive famille, il est en grand danger d’apostasie. Et la loi pontificale n’en démord pas, c’est le devoir de l’Église de sauver les enfants, au besoin malgré eux.
Edgardo est donc emmené à Rome, placé dans un institut fermé destiné à sa conversion forcée.
L’affaire a pris une dimension internationale, les parents du petit garçon ayant alerté la presse et toutes les communautés juives pour sauver leur garçon.
L’enlèvement en 1858, le procès en 1860 et enfin la conquête de Rome en 1870 qui aboutira à la dislocation de l’État pontifical (encore une page d’Histoire ..).
Superbement filmé, avec une mise en scène aux accents d’opéra qui fait penser à « Vincere » notamment par la musique, Bellocchio nous montre cette page sombre de l’antisémitisme de l’Église, avait attiré l’attention de Spielberg avant lui.
Le cinéaste peut développer le thème de l’emprise, qui dépasse de loin le cadre du récit. Il fait le récit d’une Eglise catholique comme une institution despotique et obscurantiste.
Ce film a eu beaucoup de succès en Italie, il a suscité de nombreux débats depuis sa sortie en mai dernier. D’autant plus que le Vatican qui reconnaît aujourd’hui les torts causés au jeune garçon, n’a jamais voulu résenter d’excuse....
Marco Bellocchio, 83 ans est reparti bredouille de Cannes, alors que le film avait fait l’unanimité sur la Croisette.
En tout cas un très grand film à voir.
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Films depuis 2009
Année 2023
L’Enlèvement
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