Par ailleurs, elle choisit, non l’attaque frontale, politique, contre le régime totalitaire d’Ahmadinejab, reconduit à la présidence en 2009 malgré les fraudes électorales massives et la sanction effective des urnes, mais un angle d’attaque plus buissonnier, à travers la musique : la caméra à l’épaule et le montage serré, l’errance des musiciens et des deux héros sortis de prison, le mélange des genres musicaux (rap, rock, heavy metal), tout dans ce film tourné en 17 jours crée une impression de fuite éperdue, de moments volés à la barbe du temps et des...barbus - quoique ce "boeuf permanent, totalement freestyle", selon "Les Inrockuptibles", relève parfois un peu trop du clip étourdissant. On en ressort un peu groggy et, si le propos est sympathique et courageux - le film sera-t-il jamais montré en Iran ? - on aurait aimé voir davantage le fonctionnement du régime, l’intervention de la police, ici indirecte et allusive à travers l’enlèvement d’un chien d’une voiture : en Iran, on n’a pas le droit de sortir avec un chien ou un chat ; la musique est impure pour l’Islam et entendre le chant d’une femme est un péché !!
Reste un message d’espoir : si la répression est féroce dans les dictatures, la soif de liberté est irrépressible - et l’inventivité des opposants ou des jeunes infinie : ateliers de faussaires bien cachés, meme si la police surgit finalement, étable improvisée en salle de répétition au milieu des vaches, boite à oeufs amortissant le bruit de l’infame musique...
L’auteur d’"Un temps pour l’ivresse des chevaux" ou des "Tortues volent aussi" a bien retenu la leçon de Figaro dans la 3ème scène de l’acte V du "Mariage de Figaro" : "ne pouvant avilir l’esprit, on se venge en le maltraitant (...) Il n’y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits."
Claude