Manas
"Marcielle (Tielle), treize ans, vit sur l’île de Marajó, au cœur de la forêt amazonienne avec ses parents, ses frères et sa petite sœur. Elle grandit avec des rêves d’émancipation, inspirée par le départ de sa sœur aînée ; mais, sur les barges le long de la rivière, ses illusions commencent à s’effondrer, révélant un monde d’exploitation et d’abus qui gangrènent sa communauté. Elle est déterminée à se protéger et à accéder à un avenir meilleur…"
Voici un film co-produit par les frères Dardenne et Walter Sales (producteur et réalisateur brésilien (je suis toujours là). Il est réalisé par une grande documentariste Marianna Brennand Fortes, qui fait là son premier long-métrage de fiction. Il se passe dans le centre nord du Brésil, sur l’île de Marajó,
Quand une documentariste passe par la fiction, c’est que le documentaire n’est pas le plus court, ni le plus efficace chemin pour montrer un sujet. Et chez elle, le choix de la fiction est d’autant plus puissant qu’avec Manas, elle dénonce ce qu’elle ne filme pas, et c’est ce qui fait le génie du film. France Inter nous dit : « à l’image apparaissent la nature luxuriante, les lumières du Brésil, le chant des oiseaux, et en hors champs, les abus sexuels dont est victime cette jeune adolescente ».
Mais rassurons-nous, si ce premier film et quel film, emprunte au documentaire, c’est une authentique et puissante fiction, avec du souffle et qui déjoue tous les clichés, ici pas de plans phénoménaux sur l’immensité amazonienne, le film est sobre, faussement lent, et prenant. Dans ce lieu de vie avec sa vie simple, inquiétant et beau à la fois, où les habitants vivent paisiblement dans leur dénuement, une précarité ordinaire, où les jeunes n’entendent pas que les oiseaux dans les arbres, mais également l’appel des sirènes des grandes villes. Ici, comme dans beaucoup d’endroits du monde, il y a la loi des mâles. Disons que la transgression est leur première loi, celle qui exclut les tabous au nom du simple fait d’être homme et père.
Alors nous suivons cette petite fille, Marcielle, (Jamilli Correa) qui d’un seul coup, à l’approche de l’adolescence, devient la préférée de son père...Il l’emmène à la chasse mais qui est la proie ? Cette jeune fille est digne d’un choix d’actrice des frères Dardenne. Elle est native de Marajó, comme son personnage, ici, elle se débat contre la fatalité, celle d’être née de sexe féminin dans ce monde-là. Et il faut sans cesse se cogner, se relever et continuer.
Et c’est une force de Manas de jouer du contraste entre l’immensité, la beauté du monde, et l’enfermement d’une petite fille. Marcielle donc, veut en sortir, et c’est fou ce que ça demande d’intelligence, ce que ça exige de grandir vite. Une critique de France Inter n’hésitait pas à la comparer à Emilie Dequenne dans Rosetta. J’adhère à cette comparaison, Rosetta, est un personnage universel aux mille visages.
Résumons nous, disons qu’à titre personnel, j’attends de pouvoir revoir ce film une seconde fois... et j’ajoute : Bienvenue à Marianna Brennand Fortes dans le monde de la fiction, elle y commence par une œuvre marquante. Si avec le documentaire on veut nous mettre en contact avec une réalité insoupçonnée, nous la révéler, avec la fiction on joue de l’imaginaire, on peut suggérer sans montrer et comme par miracle, donner au hors champ une puissance révélatrice incroyable et c’est ici le cas. "Voici un film de femme qui serait digne de « Femmes solidaires », mais c’est aux Cramés de la Bobine que ça se passe, elles ne nous en tiendront pas rigueur, j’en suis sûr".
Manas...
jeudi 15 mai 2025
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