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La Pampa

dimanche 16 mars 2025 par Pierre Oudiot

Antoine Chevrollier dans son premier long métrage, nous entraîne à la « Pampa », terrain de moto-cross, horizon familier de son enfance en terre angevine. La ruralité au centre des films de la jeune génération de cinéastes captant de leur objectif l’intime de l’adolescence en close-up dans des espaces grand-ouverts (Vingt Dieux de Louise Courvoisier, Bird d’Andréa Arnold pour les plus récents en 2024, …). Rien à dire, c’est bien d’une nouvelle vague dont il s’agit, déferlant avec acuité sur les phénomènes de société contemporaine aux prises avec ses communautés d’appartenance.
Jojo (Amaury Foucher) et Willy (Sayyid El Alami), ados grands-amis depuis toujours pratiquent non sans risque leur passion du motocross, entrainés par les hommes du cru viriles en chef, dans un esprit de compétition, gage de récompenses et de gains… Mais au temps du bac, sait-on vraiment les raisons profondes d’un attachement à ses hobbies chronophages ?
C’est de l’intime et de la différence dont il est question dans ce premier long. Jojo « le héros » futur champion potentiel, Willy « le témoin » assurant la réussite dans l’ombre de l’atelier. Autour d’eux, il y a la famille – endeuillée chez Willy –, les copains, le père autoritaire de Jojo (Damien Bonnard) et un entraîneur taiseux (Artus Solaro). Antoine Chevrollier dans la pétarade —réelle et supposée—, pointe subtilement sa caméra sur la complexité de l’orientation sexuelle en plein questionnement ; là encore il est question de risques à prendre pour assumer totalement ou verser dans le drame victimaire des adultes, pour virilistes qu’ils soient dans le silence étouffant des principes à la campagne.
La caméra virtuose du jeune réalisateur accompagne plus qu’elle n’accable, dans des prises de vue remarquables (longs travellings sur une piste de moto-cross…). Mais le génie n’est pas que dans la technique, il l’est aussi dans l’émotion d’une jeunesse intelligente prise sous le joug de principes ancestraux. Et c’est de ces jeunes acteurs que surgit la lumière… jusqu’au dénouement final. L’indéfectible amitié a parfois ses failles.
La Pampa est un film remarquable, à ne rater sous aucun prétexte…à voir et à revoir !

Avant de réaliser son premier long-métrage, Antoine Chevrollier a écrit la série Oussekine et réalisé plusieurs épisodes du Bureau des légendes et de Baron noir.

Pierre O.