Ils ont chacun eu un enfant d’un précédent mariage, elle un fils, lui une fille, qui avancent dans la vie à l’image de leurs propres parcours : le fils d’Elena n’arrive pas à subvenir aux besoins de sa propre famille, et la fille de Vladimir mène une vie facile de bohème. La possible mort de Vladimir à la suite d’un malaise achève de détruire l’équilibre précaire qui règne entre les époux.
Et Elena de femme au foyer timide et soumise se transforme en stratège de sa propre vie et de celle de son fils, afin de ne pas laisser la fortune de son mari lui échapper.
Le cinéma russe, revenu à un très haut niveau de production, en quantité et en qualité, reste hanté par l’histoire contemporaine ou sociale de ce pays continent. Les réalisateurs comme Zviaguintsev, nés au moment de la perestroïka et qui ont étudié le 7ème art après la fin de l’Union soviétique n’ont de cesse de disséquer les travers de leur société. Certains utilisent le biais de l’humour ou d’une ironie féroce, héritée des années de censure ; d’autres, comme l’auteur d’Elena, font appel à la tragédie, autre grande tradition de la cinématographie russe et soviétique. Tous abordent frontalement les fractures à l’oeuvre dans la Russie de Vladimir Poutine : terrorisme, racisme, autoritarisme ou consumérisme débridé, comme dans Elena…
Le film a reçu le prix du jury dans la catégorie Un certain regard, lors du festival de Cannes 2011.