LES CRAMÉS DE LA BOBINE
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Peau d’âne

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Peau d’âne (Peau d’âne)

jeudi 16 février 2017 par Cramés
Cycle Jacques Demy
Lola - Une chambre en ville - Peau d’âne

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Nominé au Festival du Film de Jeunesse de Dole en 2012

Du 16 au 21 février 2017

Soirée-débat dimanche 19 février à 20h30


Présenté par Marie-Noëlle Vilain
Film français (1970, 1h30) de Jacques Demy avec Yves Pignot, Catherine Deneuve, Jean Marais, Delphine Seyrig, Jacques Perrin, Micheline Presle, Fernand Ledoux, Henri Crémieux, Sacha Pitoëff, Romain Bouteille ...
Scénario et dialogues de Jacques Demy, musique de Michel Legrand, voix de Jean Servais
D’après l’œuvre de Charles Perrault

Synopsis : La reine moribonde a fait promettre au roi de n’épouser qu’une femme plus belle qu’elle. Dans tout le royaume, une seule personne peut se prévaloir d’une telle beauté, sa propre fille. Revêtue d’une peau d’âne, la princesse désespérée s’enfuit du château familial.

Article de Marie-No *** Dossier pédagogique *** Bande-annonce
BO France : 2199000



Le plus gros succès commercial de Jacques Demy. (Peau d’âne)

lundi 20 février 2017 par Marie-Noël Barnier-Vilain

« Peau d’âne » est le 6ème long métrage de Jacques Demy (juste après Model shop sorti en 1969 production franco-américaine)
A son retour des Etats-Unis où il a passé quelques années, entre 1967 et 1969, il souhaite tourner un film inspiré d’un conte de fées. Ses années « américaines » se retrouvent dans le côté « pop », « psychédélique », du film.
Il choisit le conte de Peau d’âne non par hasard : il apprécie cette histoire de longue date, l’ayant montée dès l’enfance dans son théâtre de marionnettes. On retrouve par ce choix l’attachement profond de Jacques Demy à son enfance. Il dit :« Autrefois, avant, quand j’étais enfant, Peau d’âne me plaisait particulièrement. J’ai essayé de faire le film dans cette optique, par mes yeux, comme ça, quand j’avais sept ou huit ans. »
Peau d’âne et le film qui le suit immédiatement « Le joueur de flûte » (1972), sont les seules incursions de Jacques Demy dans l’univers des contes.

Il envisageait « Peau d’âne » dès 1962 (avec Brigitte Bardot et Anthony Perkins) mais le devis était très élevé et, lui, encore presque inconnu. Le triomphe des Demoiselles de Rochefort en 1967 va changer la donne.
Le tournage débute le 1er juin 1970 et dure huit semaines

Costumes

Son collaborateur habituel Bernard Evein ayant été écarté pour cause de devis trop élevé, les costumes sont créés par Agostino Pace, costumier de theâtre, italien. Au final Agostino Pace dépassera largement le budget (qui dépassera même celui initialement prévu par Bernard Evein !
Les trois robes (couleur du Temps, couleur de Lune et couleur de Soleil) sont particulièrement réussies. Aucun soin ne sera apporté à leur conservation si bien qu’elles seront inutilisables pour l’exposition de 2012 à la cinémathèque et seront remplacées par de bien pâles copies …
C’est Hector Pascual (1928-2014), peintre, scénographe et costumier argentin, (qui sera conservateur des collections de la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent de 1981 à 2009) qui crée les costumes animaliers. Jacques Demy tenait à ce que la peau d’âne soit authentique. Elle provient d’un abattoir et pose des problèmes de lourdeur et d’odeur. Elle est nettoyée, re-nettoyée et l’intérieur est doublé d’un papier nylon recouvert de peinture. C’est cette peau qui est choisie pour faire la promotion du film sur les affiches en France. Pour les affiches internationales on utilisera les robes somptueuses.

Décors

Les décors sont signés Jim Leon (1938-2002) peintre britannique au style pop psychédélique, rencontré à San Francisco

Comme toujours, J. Demy préfère les décors naturels. Les prises de vue auront lieu au château du Plessis-Bourré Château de Plessis Bourré au nord d’Angers, pour les scènes du château bleu (lieu de tournage aussi pour la Princesse de Montpensier 2010) parc du château de Neuville,Yvelines, pour les scènes de la ferme et de la cabane (lieu de tournage aussi pour La Vie de château 1965, Cyrano de Bergerac 1990, Les Château de Neuvilleliaisons dangereuses de Stephen Frears 1988, Ridicule 1996) le château de Chambord pour les scènes du château rouge et du mariage
(lieu de tournage aussi pour La Princesse de Clèves Jean Delannoy 1961)
château de Pierrefonds, Oise, pour la scène finale du défilé des invités
(lieu de tournage aussi pour le Bossu 1959, Le Capitan Hunnebelle avec Jean Marais 1960, Jeanne d’Arc 1999)
Les animaux viennent du parc zoologique de Coucy-les-Eppes dans l’Aisne. Ce parc a fermé ses portes en 1978 ;

Musique

Michel Legrand c’est sa 5ème collaboration avec J.Demy. Chambord
Michel Legrand a signé la musique de plus de 150 films (Pinoteau, Godard Une femme est une femme, Molinaro La vie de château, Deray La piscine, Losey Le Messager, Rappeneau Les mariés de l’an II, Le Sauvage, Lelouch, Wadja etc...)
Pour Peau d’âne, il souhaite se démarquer des thèmes médiévaux utilisés précédemment pour d’autres films du genre et il va mélanger plusieurs styles volontairement contrastés (baroque, jazz, pop) Château de Pierrefonds
Les chansons du film sont devenues cultes comme « Amour, amour », « le cake d’amour », « les conseils de le fée des Lilas », « La chanson du prince »
A propos du cake d’amour, cette scène est une des plus iconique en raison du moment où Peau d’âne en cassant un œuf libère un poussin. C.Deneuve y est dédoublée, jouant ainsi avec les thème de l’indécision, de la dualité. Il y a fusion entre le merveilleux et e concret. Un tel champ-contrechamp de 2 identitiés d’un même personnage est alors inédit au cinéma.

Direction d’acteur

Souvent, Jacques Demy demande à ses acteurs de surjouer . C.Deneuve se souvient :« Jacques nous demandait de tout exagérer : nos regards au plafond, nos gestes, surjouant l’accablement ou l’émotion, comme dans une image pieuse. (…) C’était une injonction à la surréalité au sens esthétique et littéraire »
Tous ses acteurs sont d’accord pour dire le plaisir qu’ils ont eu à travailler avec Jacques Demy qui était à la fois très précis, sachant exactement ce qu’il voulait, mais qui aussi toujours bienveillant, toujours courtois. Il n’élevait jamais la voix.
C.Deneuve : « Nous travaillions dans une partie du château (de Chambord) interdite au public. Mais, comme Chambord est plutôt pauvre en meubles, le bruit des touristes passant et parlant derrière les portes était accru par la résonance de ces grandes salles à peu près vides. Nous devions alors interrompre le tournage. Un autre, à la place de Jacques Demy se serait rongé d’impatience : lui non. Si Peau d’âne est un conte de fées, Jacques Demy a une patience d’ange : nous attendions tranquillement. »Jacques Perrin : « Tourner avec Demy, ce fut des moments de grâce, des moments de notre vie qu’on n’oublie pas. Ces films, ce n’était pas un travail, je ne les confonds pas avec d’autres »
Acteurs

Catherine Deneuve (1943) voix chantée : Anne Germain
3ème film avec J.Demy
Delphine Seyrig (1932-1990) voix chantée Christiane Legrand
actrice de théâtre et de cinéma (Resnais, Losey, Truffaut Baisers volés Fabienne Tabard, Duras, Bunuel). Sa voix reste inoubliable.
Jacques Perrin (°1941 voix chantée Jacques Revault
Acteur (Carné, Clouzot, Berri, Chabrol,Tornatore, Beauvois) et réalisateur (Microcosmos, Océans) et aussi producteur
Jean Marais (Jean Alfred Villain-Marais) (°1913-1993+)
Acteur de théâtre et de cinéma (Cocteau, Guitry, Renoir, Hunebelle), metteur en scène.
Mais aussi Micheline Presle (°1922), Fernand Ledoux (1897-1993), Henri Crémieux (1896-1980), Sacha Pitoeff (1920-1990), Pierre Repp (1909-1986)
Narrateur : Jean Servais (1910-1976)
L’inceste et le complexe d’Electre sont les thèmes centraux du récit.
La salissure ressentie par la jeune fille est matérialisée par la peau d’âne qu’elle choisit de porter.
En plus de reprendre l’intrigue de Peau d’âne, Jacques Demy emprunte à d’autres histoires des contes de C.Perrault comme les personnages endormis de « La belle au bois dormant », la vieille qui crache des crapauds de « Les fées », Le marquis de Carabas invité au bal de « Le chat botté »
Mais aussi aux contes de Grimm : le cercueil de verre de « Blanche-neige », ou d’autres auteurs:le miroir cf le miroir magique de « La belle et la Bête »
L’aspect cyclique des saisons répond également au genre du conte : la maladie de la reine révélée à l’automne, sa mort en hiver, la rencontre de la princesse et du prince au printemps .
Les anachronismes permettent la fusion du merveilleux et du réalisme : l’hélicoptère de la fée des Lilas bien sûr mais aussi les poèmes lus par le roi bleu dans un recueil que lui a offert la fée des Lilas : « les poèmes du temps futurs » (extrait de « l’ode à Picasso » de J.Cocteau et de « L’amour » de Guillaume Apollinaire.

Cette abolition du temps se retrouve également dans la musique, par laquelle Michel Legrand mêle baroque, jazz et pop, et dans les costumes, qui mêlent modes de Louis XV (pour la Princesse et la Reine bleue), d’Henri II (le Prince), du Moyen Âge (les valets) et toiles de Le Nain(les paysans), glamour hollywoodien pour la fée.

Les relations du réalisateur avec Philippe Dussart, le directeur de production, deviennent au cours du tournage, de plus en plus difficiles. Initialement prévu autour de quatre millions de francs, alors que la moyenne pour un film de l’époque tourne à 2,58 millions, le budget total du film va connaître un dépassement de 800 000 francs, et empoisonner l’ambiance du tournage. D’où ce constat amer de Demy, obligé de restreindre ses ambitions :« Au dernier moment, j’ai dû supprimer un figurant sur deux, un décor sur deux, un costume sur deux, pour pouvoir faire le film. C’est-à-dire l’appauvrir véritablement alors que c’est un film qui réclamait du fric puisque c’est un film sur de la magie et que la magie ça se paie très cher. »

C’est un film musical inspiré du conte de Charles Perrault (1628-1703) chargé de politique littéraire et artistique par Louis XIV. Ce conte parut en 1694 en vers. Re-publié en 1781 (chez l’éditeur Lamy) adjoint d’une version en prose dont l’auteur reste à ce jour inconnu et qui sera par la suite illustrée par Gustave Doré (1832-1883)

Le film s’achève sur les derniers vers du conte original :
« Le conte de Peau d’âne est difficile à croire,
Mais tant que dans le monde on aura des enfants,
des mères et des mères-grands,
On en gardera la mémoire »

Peau d’âne est le plus gros succès commercial de Jacques Demy.

« Peau d’âne » s’offre un karaoké au Rex Le cinéma près de chez vous Le 30/01/2015

« Ah les contes de notre enfance ! Ces histoires parfois simplettes, mais nimbées de magie, qui résonnent encore à nos oreilles par la voix d’une grand-mère ou d’une institutrice.
Et lorsque ces histoires s’incarnent parfaitement dans les images d’un film rythmé par des chansons devenues cultes, le bonheur est total. C’est cela que le « Rex » propose à son public avec la projection, vendredi 30 janvier à 21 heures, du film « Peau d’âne », de Jacques Demy.
Avec une originalité qui fera toute la différence : le public pourra accompagner les acteurs en chantant.
« Sur un panneau, placé sous l’écran, on verra défiler le texte des chansons, explique Isabelle Garcia de l’équipe du « Rex », et on chantera depuis sa place. Le film comporte une dizaine de chansons » (...)
Dernière touche d’humour pour ce rendez-vous atypique : les personnes qui se présenteront, au cinéma, déguisées bénéficieront d’une réduction.
Mais nul besoin de se recouvrir d’une peau de bourricot : le déguisement est libre. »

Une bonne idée !



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