LES CRAMÉS DE LA BOBINE

Mahamat-Saleh Haroun

lundi 23 septembre 2013 par Danièle

Mahamat Saleh-Haroun est né en 1960 à Abéché au Tchad. Il a étudié le cinéma à Paris et le journalisme à Bordeaux. Il a réalisé son premier court métrage Maral Tanié en 1994.
En 1999, son premier film Bye-bye Africa est sélectionné à la Mostra de Venise et obtient le prix du Meilleur premier film. Suivent ensuite Abouna notre père (Quinzaine des réalisateurs 2002) et Daratt, Saison Sèche (Prix spécial du jury, Venise 2006).
« Un homme qui crie » a obtenu le Prix du Jury à Cannes en mai 2010. Pour la première fois de son histoire, le Tchad était représenté en compétition à Cannes et aucun film d’Afrique Sub-saharienne n’avait été sélectionné depuis 1997. En mai 2013, le dernier film de Mohamat Saleh Haroun « Grigris » était à son tour en compétition pour le Palme d’Or.

 Le cinéma de Mohamat Saleh Haroun

Des thèmes interviennent de façon récurrente dans ses films. Le premier est la guerre car elle dure depuis 4 décennies et qu’elle a fait de lui un exilé. En effet, il a lui-même été victime d’une balle perdue en 1980. Grièvement blessé il a dû quitter son pays sur une brouette pour rejoindre le Cameroun puis la France.
Cette guerre est montrée en arrière-plan, sous forme des bruits d’avions, des tirs au loin. M.S. Harroun l’a montré ainsi car au Tchad, « cette guerre est comme un fantôme qui hante les lieux et qui se manifeste de temps en temps ».
Le deuxième thème exploré est celui des relations père-fils (le père absent dans « Abouna », le père que l’on veut venger dans « Daratt, saison sèche », le père et le fils séparés par la guerre civile dans « Un homme qui crie »). Pour lui, la filiation est essentielle car elle permet la transmission de la mémoire. La perte de cette valeur est, pour M.S. Haroun, un des drames de l’Afrique où les pères et les fils se font la guerre.
Au Tchad, la guerre est maintenant terminée. Avec son dernier film, « Grigris », Mahamat Saleh Haroun s’attache à montrer la jeunesse d’un pays en pleine reconstruction. Au-delà de la fiction, « Grigris » nous éclaire aussi sur le monde qui entoure le récit : la pègre, les trafics, les boîtes de nuit, les riches et les pauvres, l’hypocrisie religieuse et morale (le chef de gang reproche à Grigris de sortir avec une prostituée, ou le force à jurer sur le Coran qu’il ne l’a pas trahi). Le film, présenté en compétition officielle lors du dernier Festival de Cannes, regorge donc, d’éléments documentaires sur le Tchad d’aujourd’hui et ses déchirements propres.

 Ses maîtres

Ses réalisateurs modèles sont :
-  Chaplin pour le cinéma muet et l’art du burlesque,
-  Bresson pour l’épure, le dépouillement,
-  Ozu pour le jeu sur l’espace et le temps
-  Kiarostami pour la poésie
-  Jarmush pour l’étique
-  Wenders pour l’errance.

 Le cinéma tchadien

En Afrique, l’état du cinéma est catastrophique, la plupart des salles ont fermé. Il n’y a plus de financement des films africains sur le plan international.
Mais au Tchad une salle a été rénovée et inaugurée en Octobre 2010 pour la sortie de « Un homme qui crie ». Le gouvernement a mis 1.5 millions d’euros dans cette rénovation.
Avec l’argent de ses films et des prix qu’il a obtenu, Mohamat Saleh Haroun a pu créer le Fonds pour la création cinématographique et travaille à un projet de centre de formation audiovisuelle pour le Tchad. Maintenant, le Tchad exploite le pétrole et en tire beaucoup d’argent. Le gouvernement du a décidé d’investir dans les arts et notamment le cinéma. Ainsi a été mise en place une société des droits d’auteurs qui existait déjà dans la plupart des pays africains.
Le cinéma tchadien, comme l’ensemble du cinéma africain, souffre d’innombrables difficultés, aussi bien techniques que financières. Pourtant, ce manque de moyens est largement compensé par une volonté exceptionnelle. Ainsi, tous les quatre ans, un film estampillé du drapeau national tchadien, sort en salles, ce qui, comparativement, est mieux que la Côte d’Ivoire ou le Burkina-Faso. Parmi ces films, on peut notamment citer « Un taxi pour Aouzou » d’Issa Serge Coelo, nominé aux Césars ou les films de Mahamat Saleh Haroun, présent régulièrement à Cannes depuis 2002 et sélectionné pour la Palme d’Or en 2013
Mais les artistes sont encore mal vus au Tchad. La plupart n’en voit pas l’utilité. Les Tchadiens sont préoccupés par le quotidien.
Pour ressusciter l’intérêt des habitants de N’Djamena pour le cinéma, un très vieux cinéma, le Normandie, va être restauré. Il a été construit en 1949 et compte 600 places.


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